Vol. 36, no 1, 2024, p. 147
1818 de Rhéal Cenerini: histoire métisse,
hétérogénéité culturelle et devoir de réconciliation
par
Paul MORRIS
RÉSUMÉ
Cet article porte sur 1818, la plus récente pièce du dramaturge franco-manitobain Rhéal Cenerini. Écrite pour souligner le 200ième anniversaire de l’arrivée de Mgr Provencher à la colonie de la Rivière Rouge en 1818, cette oeuvre théâtrale propose un récit synoptique des histoires étroitement liées et se définissant mutuellement de la nation métisse et de l’Église catholique. Cette version dramatisée des rapports entre ces protagonistes devient elle-même, sur le plan de la forme et du contenu, une «zone de contact». Quant à la forme, l’analyse se concentre sur le monologue dramatique de 1818, mais surtout sur les implications fondamentales de l’usage de plusieurs langues dans cette pièce, plus particulièrement le mitchif français parlé par le personnage central. La question du contenu est aussi envisagée à partir de la thématique de la «zone de contact» et, si l’analyse est encore une fois menée sur le personnage central de 1818, c’est comme représentation synecdochique de l’histoire de la nation métisse dans sa relation complexe avec l’Église catholique. Cet article suggère que, en racontant la vie de son héroïne principale, 1818 met en scène les aspects religieux, ethniques et sociaux qui ont façonné l’histoire des Métis. Du reste, cette contribution ne manque pas de souligner la nécessité de multiplier les efforts de réconciliation contemporains.
Mots clés : hétérogénéité culturelle, culture et histoire métisses, mitchif français, réconciliation.
ABSTRACT
1818, the most recent play by the noted Franco-Manitoban playwrightRhéal Cenerini, serves as the centre of focus for the present article.Cenerini’s play, which was written to celebrate the 200th anniversary ofthe arrival of Bishop Provencher to the Red River Colony in 1818, offersa synoptic account of the intertwined and mutually defining historiesof the Métis nation and the Catholic Church. In offering this dramatizedaccount, Cenerini’s play, in terms of both form and content, becomesitself a “zone of contact”. At the level of form, analysis is focused onthe use of dramatic monologue in 1818 and, above all, the multipleimplications evoked by the multiple languages presented in the play,in particular the Mitchif français spoken by the central character. Interms of content, discussion of the play as a “zone of contact” centreson discussion of the life of the play’s central character, a woman whooffers synechocal representation to the history of the Métis nation andits complex relations with the Catholic Church. The article suggeststhat in recounting the life of the play’s central character, 1818 enactsmany of the religious, ethnic and social forces that have shaped Métishistory while also necessitating contemporary efforts at reconciliation.
Keywords: cultural heterogeneity; Métis culture and history;Mitchif français; reconciliation